Pour une cohorte d’architectes, ménageur.e.s* sanitaires.

Villard de Honnecourt est un maître d’oeuvre du XIIe siècle(1). Il est célèbre pour son carnet renfermant de nombreux croquis d’architecture qui est conservé à la bibliothèque nationale. Villard est originaire de Honnecourt (Nord) et comme les compagnons de son temps, il fait son apprentissage en allant de ville en ville et de chantier en chantier. Il deviendra plus tard maître d’oeuvre. 

* Celui, celle qui ménage quelqu’un, le traite avec égards.
(cf CNRTL https://www.cnrtl.fr/definition/ménageur)

Telle est le curriculum du premier des architectes qui plus est colporteur de technologies de la construction. Il n’est pas étonnant de comprendre que ce “maitre d’oeuvre” apparait 300 ans avant la fin du Moyen Age, bien avant Léonard de Vinci, qui lui est connu pour avoir vécu la transition de la renaissance.

Mais me direz-vous, quel rapport avec la crise sanitaire qui s’abat sur notre siècle digitalisé? Il faut juste se rappeler des conditions et effets réel des pandémies moyenâgeuse, comme le rappelle Dominique Castex et Sacha Kacki dans leur article “Commémorer les épidémies dans un monde changeant : mémorialisation de la peste et autres fléaux infectieux du Moyen Âge à nos jours“, publié dans la revue “Espace Politique”.

“Parmi les nombreuses maladies qui furent par le passé responsables d’épidémies, la peste est indéniablement celle qui a marqué le plus vivement et durablement les mentalités, à tout le moins au sein des sociétés européennes. Sa triste notoriété tient tant à l’extrême létalité qui la caractérise en l’absence d’une antibiothérapie adaptée – 40 à 70 % de décès chez les individus souffrant de la forme bubonique de l’affection, 100 % chez ceux développant une forme pulmonaire (Demeure et Carniel, 2009) – qu’à la fréquence de ses assauts antérieurement à l’avènement des thérapeutiques modernes. Elle emporta en Occident des dizaines de millions de vies, d’abord entre le VIe et le VIIIe siècle (première pandémie, dite « peste justinienne »), puis entre le XIVeet le XVIIIe siècle (deuxième pandémie), avant que ne soient enfin percés à jour sa cause (la bactérie Yersinia pestis) et son mode de propagation (l’inoculation du bacille dans l’organisme humain par la piqûre de puces s’étant précédemment nourries sur des animaux infectés) à la fin du XIXe siècle (Yersin, 1894 ; Simond 1898).”
https://journals.openedition.org/espacepolitique/8598#tocfrom1n2

Le contexte sanito-historique étant posé, il s’agit aujourd’hui, à l’aulne de la troisième année consécutive d’une dite pandémie, de questionner l’incidence de la qualité du bâti dans la propagation du virus et la transmission de la maladie.

(1) “Villard de honnecourt vous salue et prie tous ceux qui utiliseront les machines que l’on trouvera dans ce livre, qu’ils prient pour son âme et qu’ils se souviennent de lui”. Association Villard de Honnecourt – (http://villarddehonnecourt.free.fr)